Compte rendu de la 64e Semaine d’études liturgiques Saint-Serge (26-29 juin 2017)

La soixante-quatrième Semaine d’Études liturgiques s’est tenue dans les locaux de l’Institut de Théologie orthodoxe Saint-Serge de Paris, du 26 au 29 juin 2017 (voir l’album de photographies). Rassemblant environ 60 personnes, ce colloque scientifique et œcuménique a totalisé 30 exposés, répartis en 12 sections thématiques, préparés et prononcés par des orateurs originaires de plus de 10 pays différents (Europe, mais aussi Afrique, Proche-Orient et Asie).

La religiosité, par rapport à un culte chrétien réputé officiel, consiste en des pratiques ritualisées de différentes provenances, y compris non chrétiennes, mais que les diverses familles liturgiques ont peu à peu accueillies, s’efforçant avec plus ou moins de succès de les transformer en instruments propres à exprimer le Mystère du salut.

Le colloque a été ouvert par une allocution de bienvenue et d’encouragement prononcée par l’Archevêque JEAN (Renneteau), évêque diocésain et chancelier de l’Institut organisateur. Rappelant d’abord que la liturgie risque parfois d’être dépassée par la religiosité dans certaines contrées orthodoxes, Mgr Jean a souhaité aux participants un travail positif, invitant à une réflexion responsable ; il a insisté sur l’importance de faire redescendre les acquis de cette rencontre pour en faire profiter le peuple de Dieu en son entier.

Les travaux eux-mêmes ont été ouverts, selon le programme, avec deux exposés introductifs, puis se sont déroulés selon les diverses articulations thématiques prévues.

Qu’il s’agisse des exposés eux-mêmes ou des échanges les ayant accompagnés, la participation de tous a été favorisée par une amélioration technique, nouvelle cette année, consistant à assurer une traduction simultanée des exposés et des débats entre langues française et anglaise.

La première matinée s’est conclue par une présentation de chaque participant dans le réfectoire, ce qui était nécessaire en raison de la forte proportion, cette année, de nouveaux orateurs. Ce moment constitua l’occasion d’une découverte réciproque de divers projets de recherche en cours, inaugurant des contacts informels stimulants durant tout le colloque.

Cette journée s’est conclue par la célébration des Vêpres en l’église Saint-Serge, conviant tous les participants. À l’issue de cette célébration, au cours d’un vin d’honneur dans le réfectoire, les dernières éditions des Actes des précédents colloques ont été présentées. Grâce aux efforts conjugués des orateurs et d’une équipe de correcteurs, le retard des publications est maintenant rattrapé : les Actes d’un colloque pourront dorénavant être présentés et proposés à la vente au plus tard lors du colloque de l’année suivante.

L’année 2017 étant le 500e anniversaire de la publication des Thèses de Martin Luther, ce jubilé a été aussi marqué par deux exposés voulant évaluer la question des indulgences, non sans relation avec le thème de la religiosité.

Le 3e jour du Colloque, la matinée a été occupée par une excursion au Musée du Louvre avec visite guidée d’une église copte reconstituée dans la salle des Antiquités égyptiennes. Fouillé au début du 20e s., le monument date du 4e s. pour ses éléments les plus anciens ; on y trouve conservés de remarquables éléments de décoration paléochrétienne tels que frises ou entrelacs, ainsi que quelques chapiteaux ou bas-reliefs figuratifs, notamment une croix ornée placée sur un linteau de porte. La suite de la matinée a permis aux participants de profiter d’autres sections du musée.

Les participants se sont ensuite retrouvés à l’Oratoire du Louvre, lieu de culte construit à l’époque de la Contre-Réforme, puis cédé aux Réformés à l’époque du Concordat sous Napoléon Ier, réaménagé en conséquence. Cette visite stimulante a permis de découvrir in situ des éléments doctrinaux propres à la Réforme, notamment l’insistance sur les pierres vivantes que constituent les baptisés, plutôt que les murs de l’édifice. Les travaux se sont poursuivis par une séance dans une salle aimablement prêtée par la paroisse de l’Oratoire.

La brève évaluation finale du colloque a permis de relever au moins une caractéristique dominante : le thème de la religiosité, comprise comme réalité périphérique par rapport à la célébration liturgique elle-même, a été correctement traité par la plupart des exposés, résultats d’analyses de sources le plus souvent bien contextualisées.

On a pu constater que des actions rituelles sont accomplies de manière organique, en certains cas sans attendre une codification ou une justification liturgique : leur repérage et une évaluation de leur relation avec la prière de l’Église nécessitent une étude susceptible d’éclairer les faits liturgiques eux-mêmes. Ceci a été observé en plusieurs exemples convaincants. De nombreux exposés ont montré que des pratiques de religiosité populaire ont été accueillies, moyennant transformation et approfondissement, par la liturgie ; d’autres au contraire ont été rejetées. Une classification reste nécessaire, pour libérer la liturgie des nombreuses surcharges accumulées durant les siècles, ce qui requiert une vigilance particulière. De l’avis relevé dans un grand nombre d’échanges à la suite des exposés, leur majorité ouvre de nouveaux champs de réflexion diversifiée.

Les communications de ce colloque, dont l’envoi final est attendu pour fin septembre, sont prometteuses d’un volume de bonne qualité scientifique.

*Les discussions informelles ayant accompagné les exposés ont aussi fourni l’occasion d’évoquer plusieurs centres d’intérêt et de déterminer un thème général pour la prochaine Semaine d’Études liturgiques :
Le corps humain dans la liturgie.
Les axes de réflexion et autres délimitations thématiques en seront fixées au début de l’automne. Cette rencontre est prévue dans les locaux de l’ITO Saint-Serge du lundi 2 au jeudi 5 juillet 2018.

Un grand merci à tous les organisateurs et participants, réguliers ou occasionnels !