Message de Noël du Doyen

Paris, le 18 décembre 2021.

Chers étudiants, chers amis de l’Institut Saint-Serge,

Alors que nous arrivons à la fin de l’année, nous voici plongés dans une atmosphère assez lourde et inquiète : en toile de fond la crise climatique qui ne cesse de s’intensifier et qui imposera des changements d’orientation radicale de notre mode de vie collectif et individuel. Et au premier plan la reprise de la pandémie de COVID pour ouvrir l’année qui vient. Pour autant, ne nous laissons pas abattre par la morosité ambiante, mais confions-nous dans la providence du Créateur du ciel et de la terre qui, seul, nous « fera entendre joie et allégresse » car, comme dit le Psalmiste, « notre soutien vient du Seigneur, du Saint d’Israël, notre Roi » (Ps 88,19).

Si, depuis la chute des anges et celle des hommes, des forces obscures travaillent – en vain – à saper l’œuvre du Créateur, nous savons que la bienveillance divine est à l’œuvre dans le monde et que Dieu conduit secrètement son plan de récapitulation de toutes choses « vers sa gloire et la vie de l’homme dans le Royaume des cieux » (Irénée de Lyon, AH IV, 20, 5). Le moment clé de ce plan divin a été la venue parmi nous de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ. C’est Noël, cet événement central de l’Histoire, que nous allons célébrer en Église, en déposant tous les soucis de cette vie, pour accueillir tous ensemble Celui qui est la Vie.

Le moment fort que fut notre colloque annuel des 3-4 décembre consacré au Centenaire de la présence orthodoxe en France nous a permis de mesurer la faiblesse historique de notre Église à s’organiser pour manifester son unité et son message de Vie au monde. Mais, durant la période du Dodécaméron, ces douze jours qui relient la Nativité du Seigneur à la Théophanie, le patrimoine si riche et lumineux de la Tradition liturgique de nos Pères dans la foi nous permettra de goûter et partager dans une « sobre ivresse » cette théologie de la venue du Sauveur.

Celui qui a accepté de naître dans une humble crèche d’animaux, puis d’être plongé dans les eaux du Jourdain, va prendre sur Lui le péché du monde et recréer toutes choses invisiblement. Ainsi l’Église, en tant que Corps du Christ, n’est pas seulement la communauté des appelés. Comme raccourci de l’univers secrètement renouvelé, elle est aussi la parure du monde et a elle-même le Christ pour parure. Nous le vivrons particulièrement dans nos offices liturgiques, aussi bien de Noël, la « Petite Pâque », que de la Théophanie, « fête des Lumières ».

Chers amis, la naissance du Christ fait resplendir dans le monde la Lumière de la connaissance intérieure. Rappelons ce stichère des laudes de Noël, qui appelle chacun de nous à un éthos eucharistique à l’instar des rois mages devant la crèche : « Nous t’offrons nous aussi plus qu’un don en argent : la richesse de la foi orthodoxe. » En travaillant tous, dans cet Institut Saint-Serge, à déchiffrer humblement dans l’Esprit Saint la foi reçue des Apôtres et des Pères, nous célébrons la Divino-Humanité, présence du Christ incarné au milieu du Peuple de Dieu. Cette conviction est au cœur de notre enseignement depuis près d’un siècle et elle continuera à porter nos efforts dans notre mission.

Au nom de tous mes collègues, je vous présente nos vœux chaleureux de paix, de bonne santé et de joie.

Michel Stavrou,
Doyen