Sandrine Caneri participera le 27 mai à une journée d’études ayant pour thématique : Relations entre maîtres et disciples, tradition chrétienne et judaïsme
Après une première journée, en 2023, consacrée aux relations entre maîtres et disciples dans les cultures asiatiques, cette seconde journée d’étude se propose d’interroger, à partir de la pratique de Jésus comme rabbi, les expériences d’accompagnement et de formation spirituels vécues au sein des différentes confessions chrétiennes. Le lien cultivé entre le maître et son disciple, s’il est un lieu de transmission et de croissance spirituelle attesté dans l’histoire, ne risque-t-il pas également, comme l’actualité nous le révèle, d’évoluer vers une relation « enfermante » et une forme d’emprise ? Aussi, pour chaque intervention, une présentation de la richesse spirituelle et humaine sera-t-elle suivie d’un regard plus distancié, tant éthique que critique sur les relations entre maîtres et disciples. L’éclairage du judaïsme sera l’occasion de nous laisser interpeller par une autre tradition, mais aussi de prendre conscience des dimensions transreligieuses de ces pratiques.
Sandrine Caneri tâchera de répondre à la question : la relation vivante entre maître et disciples dans l’Eglise est-elle un héritage du judaïsme ?
Cette journée d’études aura lieu le lundi 27 mai 2024 de 9h à 17h30 (CEST) à l’Institut Catholique de Paris.
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Programme
9h : accueil et présentation
9h30 : « Car un seul est votre maître et vous, vous êtes tous frères » (Mt 23,8).Une relecture matthéenne de la relation maître-disciple : Céline Rohmer, Institut protestant de théologie (Montpellier)
Plus que Marc et Luc, Matthieu s’intéresse aux compagnons de Jésus. Il réfléchit à leur relation maître-disciple dans des catégories culturelles déjà en place, mais en retravaille les systèmes de représentation pour raconter la singularité d’une trajectoire initiée et conduite par Jésus reconnu fils de Dieu, Christ, seul maître et enseignant (Mt 23,10).
10h25 : La relation vivante entre maître et disciples dans l’Église est-elle un héritage du judaïsme ? : Sandrine Caneri, enseignante à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge (Paris)
Au premier siècle de notre ère, la tradition orale était le meilleur vecteur de transmission. À cette époque l’autorité suprême reposait sur la relation entre un maître et son disciple, car l’apprentissage se faisait sous le contrôle du maître dans le judaïsme comme dans l’Église primitive. Y avait-il des méthodes d’apprentissage ? Étaient-elles semblables au sein de la Synagogue et dans l’Église ? Comment pouvons-nous caractériser la relation entre maîtres et disciples dans ces deux traditions ? Nous essayerons de donner quelques éléments de réponses à ces questions.
11h20 : pause
11h35 : La relation maître disciple : un impensé protestant ? : Nicolas Cochand, directeur de l’ISEO (ICP), Institut protestant de théologie (Paris)
Le discours protestant contemporain se plaît à affirmer qu’il n’y pas d’intermédiaire entre le croyant et son Dieu. De ce fait, les médiations telles la relation maître-disciple font rarement l’objet d’une attention particulière alors qu’elles constituent une réalité humaine clairement perceptible. La notion de sacerdoce universel (commun), si chère aux protestants, invite pourtant à envisager non pas l’absence, mais au contraire la multiplicité des médiations. Nous tenterons d’examiner cet enjeu en observant la manière dont la relation maître-disciple est prise en compte dans la Fraternité spirituelle des Veilleurs, “tiers-ordre” protestant fondé en 1923.
12h30 : pause déjeuner
14h : Le sermon VIII Puer Jesus de Thomas d’Aquin au prisme de la relation maître-disciple : Marc Millais, op, membre de la Commission Léonine
Dans sa prédication universitaire parisienne, commentant l’épisode du recouvrement de Jésus au Temple, Thomas d’Aquin présente aux étudiants leur croissance en grâce et en sagesse. Il illustre ainsi sa propre compréhension de la relation maître-disciple, dans un propos de tonalité pédagogique et évangélique. Cette prédication de Thomas peut être rapprochée d’autres textes de cet auteur comme le De magistro ou la Tertia pars de la Somme de théologie sur l’agir du Christ.
15h : Les relations des maîtres à leurs disciples et des disciples à leurs maîtres dans les Pirké Avot – les Chapitres des Pères : Jonas Jacquelin, rabbin, enseignant à l’ISTR (ICP)
La tradition juive se base sur deux grands enseignements : la Torah écrite et la Torah orale. Cette dernière se propose de commenter la première et de combler ses nombreux silences. Si le principal locuteur de l’enseignement écrit est le Créateur Lui-même, l’enseignement oral s’en distingue par le fait qu’il rapporte avant tout les échanges entre Sages et notamment ceux enseignés par les maîtres à leurs disciples. Émerge ici un nouveau type de savoir qui naît de leurs interprétations du texte. Il serait trop long de nous pencher sur chacune des illustrations des relations des maîtres à leurs disciples dans l’ensemble du corpus talmudique. Nous nous proposons donc de les aborder au travers d’un traité particulier : les Pirké Avot, littéralement les Chapitres des Pères, essentiellement composés de réflexions à caractère éthique.
16h : pause
16h30 : Table ronde entre les intervenants