Pâques : la force de la Résurrection

Chers étudiants, chers amis de l’Institut,

Tandis que nous célébrons la résurrection du Christ, « fête des fêtes » comme le dit saint Grégoire le Théologien, cette année reste marquée par la permanence, dans le monde, de conflits et déchirements au sein des peuples et entre les nations, notamment la guerre cruelle russo-ukrainienne qui se poursuit entre deux peuples de tradition orthodoxe, avec un nombre de victimes – militaires et civiles – qui ne cesse de croître, sans que l’on puisse encore envisager une issue vers la paix. A la suite des Apôtres, nous croyons que le Christ a porté sur lui toutes ces souffrances lors de sa montée au Golgotha et qu’Il est la source unique de la Paix véritable, celle du Royaume céleste à laquelle la vie en Église nous prépare. Le Royaume « n’est pas de ce monde » de mensonge et de mort, mais il nous est accessible dans l’Esprit Saint pour participer, par la foi, l’humilité et la créativité humaine, à la transfiguration du monde comme création de Dieu renouvelée en Christ.

C’est la visée même des études proposées par une école telle que l’institut Saint-Serge que de nous éveiller – par une fréquentation assidue de la Tradition des Écritures et des Pères – au message de vie de l’Évangile. Nos Pères dans la foi nous appellent à méditer le mystère de notre salut et leurs écrits nous aident à entrer plus profondément dans la Pâque du Christ.

Comme l’écrit saint Éphrem le Syrien (IVe s.) : « Aujourd’hui s’avance la Croix et les enfers sont ébranlés. Les mains de Jésus sont fixées par des clous, et les liens qui attachaient les morts sont déliés. Aujourd’hui le sang qui ruisselle de la Croix fait germer la vie dans les enfers. Dans une grande douceur Jésus est conduit à la Passion, bénissant ses douleurs à toute heure. »

La Passion du Christ manifeste l’amour de Dieu pour l’humanité, une humanité malade et mortelle qui, tombée dans la corruption, devait être recréée, revivifiée et transfigurée par la mort-résurrection de Celui qui a bien voulu l’assumer.

Le patriarche saint Germain de Constantinople (VIIIe s.) a restitué de manière saisissante la parole salvatrice adressée par le Seigneur souffrant à Adam, père de notre humanité biologique et figure de chacun d’entre nous : « Adam où es-tu ? Je suis venu à ta recherche et pour pouvoir te trouver j’ai étendu les mains sur la Croix. Les mains tendues, je me tourne vers le Père pour rendre grâce de t’avoir trouvé, puis je les tourne aussi vers toi pour t’embrasser. Je ne suis pas venu pour juger ton péché, mais pour te sauver par mon amour pour les hommes ; je ne suis pas venu pour te maudire pour ta désobéissance, mais te bénir par mon obéissance. […] Je chercherai ta vie, cachée dans les ténèbres et à l’ombre de la mort ; je n’aurai pas de repos jusqu’à ce qu’humilié et descendu aux enfers pour t’y chercher, je t’aie reconduit dans le ciel. »

Sur l’icône symbolique de la Descente du Christ aux enfers nous voyons le Sauveur resplendissant de lumière avant même sa résurrection corporelle fouler aux pieds les portes brisées des enfers et tirer par les poignets Adam et Ève pour les relever. Sur une fresque peinte dans une église rupestre de Cappadoce, on voit l’Hadès s’efforcer de retenir Adam aux enfers en le tirant par les chevilles, en vain car le Christ, Maître de la vie, est plus fort que la mort.

Saint Grégoire de Nysse a su résumer dans son Discours catéchétique la portée salvifique de cet événement du Grand Samedi : « Comme il fallait rappeler de la mort à la vie notre nature tout entière, Dieu, s’étant penché sur notre cadavre, nous tend la main, à nous qui gisons là, et Il s’approche de la mort au point de toucher l’état de cadavre et de donner à notre nature, au moyen de son propre corps, le principe de la résurrection. »

Il reste dès lors à nous approprier concrètement cette force de la résurrection comme voie vers la vie éternelle : ce sont les sacrements-mystères du Christ qui nous sont offerts par l’Esprit Saint dans la vie ecclésiale. Nous pouvons alors annoncer avec le psalmiste : « Goûtez et voyez combien le Seigneur est bon ! »

Chers étudiants et chers amis, le Christ est ressuscité !

Michel Stavrou
Doyen de l’ITO Saint-Serge